C’est le résultat que tout le monde espérait éviter. Les élections législatives britanniques se soldent par un Parlement où ni le Parti Conservateur ni même une coalition entre les travaillistes et les libéraux-démocrates n’ont une majorité.
Un virage à droite
Au final, le résultat de ces élections est un succès pour David Cameron, le chef des Tories. Son parti arrive largement en tête des suffrages, avec 36% des voix, nettement devant le Parti Travailliste, à 27%. Les libéraux-démocrates, un temps en tête des sondages, font finalement 22%, soit le score qu’ils avaient fait en 2005. Mais les subtilités du système électoral britannique et l’implantation géographique des partis leur donnent respectivement 305, 255 et 61 députés.
Ce résultat valide en bonne partie la stratégie du jeune leader des conservateurs qui a recentré son parti sur de nombreuses questions, en parlant d’environnement et en garantissant le budget de la santé, pourtant largement augmenté par les précédents gouvernements travaillistes. Son « conservatisme compassionnel » a de nouveau donné envie aux britanniques de lui confier le pouvoir, ce qui est un exploit après une série de trois lourdes défaites électorales.
Mais il va lui manquer une vingtaine de sièges pour pouvoir gouverner sereinement. Et, c’est une surprise, une coalition entre le parti travailliste et les libéraux-démocrates n’aurait pas non plus de majorité au Parlement. Bref, une majorité claire ne pourra être obtenue qu’avec une alliance avec les petits partis. Et sinon, Gordon Brown pourrait se voir confier par la Reine le soin de former un nouveau gouvernement, à moins qu’il ne concède la défaite.
Un perdant + un perdant = deux gagnants ?
Car il faut être clair. Avec seulement 27% des voix, soit 9 points de moins que les conservateurs, les travaillistes enregistrent une défaite bien plus sévère que ne le suggère la répartition des députés. L’autre grand perdant est Nick Clegg, le chef des libéraux-démocrates, et révélation de la campagne, qui ne fait que rééditer le score d’il y a cinq ans, après avoir espéré beaucoup plus. Cependant, les deux dirigeants défaits de la campagne pourrait être tentés de s’entendre…
En effet, même si elle n’aurait pas la majorité absolue, une alliance des deux disposerait de davantage de sièges que les conservateurs, et avec le soutien d’un petit parti, elle pourrait peut-être avoir une majorité absolue. Après tout, les travaillistes pourraient bien être tentés d’infliger une défaite aux conservateurs en les privant du pouvoir. Et les libéraux-démocrates pourraient chèrement monnayer leur soutien, par exemple en obtenant la part de représentation proportionnelle qu’ils réclament depuis si longtemps.
A priori, David Cameron semble en meilleure position pour devenir Premier Ministre car sa victoire est assez nette, même s’il n’obtient pas la majorité absolue. Cependant, les résultats de cette élection pourraient encore réserver une sacrée surprise…
Laurent Pinsolle